On se réveille et faisons un dernier tour de la ville pour dépenser nos derniers manats azéri en achat nourriture, changer les vêtements d’Hyppolite trop petit, et trouver une banque ouverte, les distributeurs étant à court de dollars. On sort de cette ville en étant passé près de la catastrophe, en sortie d’un pont, un passage aérien de tuyau bas non indiqué nous aurait explosé le toit, heureusement une voiture passant dans l’autre sens nous a fait des appels de phares.

On arrive à la frontière en fin de matinée, on passe un premier contrôle de police qui ne font que regarder les passeports rapidement et vérifient qu’il n’y a personne d’autre dans le camion. On arrive devant une chaine tendue faisant office de porte d’un grand mur d’enceinte, quelqu’un sort et me dit de venir avec les papiers du camion. Je rentre dans la guérite à côté de la chaine et la personne à l’intérieur me demande 4 manats (2€) pour rentrer. Il a l’air officiel, il semble prendre en note dans son carnet et remettre un reçu mais, il n’a pas d’uniforme et je ne vois pas pourquoi j’aurais à payer 4 manat pour accéder à une frontière. Je lui redemande pourquoi je dois payer, il s’énerve immédiatement, je reprends mes papiers et vient chercher Olivier avant de moi aussi m’énerver. Nous y revenons tous les 2 avec Olivier même topo, ce C… s’énerve à la moindre question. Nous laissons le camion et allons voir les militaires qui sont 200m plus loin pour comprendre si nous devons vraiment payer. Ils nous répondent par la négative, « Tourists no pay ». On revient vers ce connard et ses 2 potes, ils ne veulent rien entendre. Je suis au volant moteur tournant, Olivier va pour sortir la chaine, ils l’en empêchent. Un militaire en voiture arrive pour passer dans l’autre sens, Olivier tente de lui parler mais il ne veut pas prendre position. Je recule pour le laisser passer et tente de passer dans son sillage sans succès. Le ton continue à monter ils demandent maintenant 8 manats, 4€, ils veulent que je recule le camion de devant la chaine pour pouvoir faire rentrer d’autres personnes potentielles et surtout ils commencent à pousser Olivier. Je suis pour rester dans le camion à attendre devant la chaine, mais Olivier au vu de la violence des mecs préfère à raison leur donner les 2€. Dans tous les cas ils ne peuvent rien en faire, il est impossible de changer des pièces. Après insistance, ils prennent finalement les 2 € et nous laissent passer en nous insultant.

On arrive enfin aux militaires, ils vérifient papiers et l’intérieur du camion pour voir qu’il n’y a personne d’autre. Etape suivante, l’exportation des véhicules, à la douane et la vérification encore sommaire du véhicule, puis dans le bureau à côté, le tamponnage des passeports pour la sortie d’Azerbaïdjan. Encore un contrôle de l’intérieur du véhicule puis un contrôle des passeports pour vérifier que nous avons bien le tampon de sortie et nous sommes dans le no man’s land.

On attend 20mins, il n’y a qu’une file et nous sommes derrière des camions, un vent chaud souffle en rafales. Nous passons le pont et nous sommes en Iran. Déjà les militaires sont sympas, ils font descendre Olivier et Hyppolite qui doivent passer par le processus piéton, je continue donc seul dans le processus chauffeur. J’attends dans la file derrière les camions, en face, sortant d’iran, des Iranniens sortent de leur voiture pour me saluer, me souhaiter la bienvenue dans leur pays et discuter un peu en anglais. J’arrive au niveau d’une nouvelle guérite, une personne m’accoste dans un bon anglais et me demande les papiers du véhicule, mon passeport et le carnet de passage en douane. Je refuse, il n’a pas d’uniforme, et lui dit que je vais faire les démarches par moi-même. Je me dirige vers le premier militaire que je vois, suivi par lui. Par chance il parle anglais, très sympa, il m’explique que cette personne est un aide et que si je veux il peut faire les démarches à ma place. « L’aide » sort alors une carte avec sa photo et le signe des chargés de l’importation des véhicules. Je le remercie mais lui dit que je vais faire les démarches par moi-même. Le militaire prend alors mon passeport et le carte grise du camion, puis me les remets à dispositions au bout de quelques minutes, le passeport tamponné, de par l’une des fenêtres de la guérite. Je bouge le camion pour le mettre sur le côté. Des chauffeurs m’indiquent la fenêtre suivante, je vais ainsi de fenêtre en fenêtre, certains interlocuteurs parlant anglais, d’autre non mais tous très sympa, sauf un « aide » qui est dans leur bureau. Ayant vu que je n’avais pas pris d’aide, commence à me prendre à parti, les fonctionnaires le calment rapidement, cela semble l’avoir amusé d’avoir essayé d’intimider un touriste. Je continue, les démarche toujours autour de ce même bâtiment en ayant toujours pour fil directeur le signe des

douaniers Iranniens :

J’attends la venue d’un inspecteur pour l’inspection du camion quand Olivier et Hyppolite arrivent. Pour eux c’est tout bon, et après un certain temps de recherche ils ont fini par me retrouver. L’inspecteur arrive, il ne parle pas bien anglais, il demande à l’aide qui m’a pris à parti il y a 10mins de traduire ses questions classiques, drogues, alcools, armes et drones. Il regarde l’intérieur du camion, ouvre 1 ou 2 sacs, la glacière et nous laisse partir après avoir tamponné le papier avec la plaque du camion qui m’a été remise dans une des fenêtres de la guérite précédente. Il nous indique une vague direction pour l’étape suivante, et un nom « Iran Transit ».


La zone est grande, les camions chargent et déchargent les marchandises dans des entrepôts, nous allons vaguement dans la direction et je m’arrête au premier bâtiment sur lequel je vois le fameux signe. Je rentre, croise une femme sans uniforme mais qui semble travailler ici, lui montre les documents, elle va chercher un homme plus âgé, toujours sans uniforme et ne parlant pas anglais. Il vérifie au loin la plaque du camion, me demande si le camion est essence ou diesel, je réponds diesel avec une certaine appréhension. J’ai entendu et lu des histoires de personnes ayant à payer une taxe du fait que le véhicule était diesel, je n’en ai pas entendu parler la première fois en Iran et ne compte pas en entendre parler vu les prix exorbitant (environs 300€). Il m’amène faire des photocopies de la carte grise et du passeport dans le bureau d’un transitaire au vu des photos au mur des véhicules qu’il a fait passer. Ils veulent que je m’assoie, alors que la personne part avec mes photocopies en disant qu’une seule personne peut faire les papiers « l’aide ». J’ai le sentiment que la personne qui vient de partir avec mes photocopies est un aide, je sors en courant pour le rattraper, mais impossible de se comprendre, il rentre dans le bureau qui semble officiel. Je vais chercher Olivier, nous rentrons par une autre porte et nous retrouvons face à lui de l’autre côté de la paroi de verre, il rentre des informations sur son ordinateur, mais l’entête du formulaire qu’il remplit a un autre signe que celui des douaniers.

C’est le signe des routes en Iran, probablement l’équivalent de leur DDE. On décide avec Olivier de partir pour chercher le fameux « Iran transit » et laissons le mec ne parlant pas anglais remplir son formulaire sans savoir si nous allons être bloqué pour la suite. Après 3 aller-retour, plusieurs demandes à des camionneurs nous trouvons enfin le « Iran transit » non pas avec le nom mais surtout avec l’insigne des douaniers sur le bâtiment que nous avons eu beaucoup de mal à trouver car caché par les camions garés. On nous dirige vers le fond du bâtiment, sur appel de son supérieur que nous avons dérangé, une personne vient nous tamponner et prendre une partie des carnets de passages en douane. On va donc vers la sortie, encore un passage dans une guérite avec les carnets de passage en douane pour tamponner et signer le dos de la feuille qui me sera prise à la sortie de pays. Puis un dernier passage à la gargote de sortie entre les camions, je donne le papier avec le numéro du camion qui m’a été fourni et tamponné en différents point et il vérifie des carnets de passage en douane qu’il y a bien tous les tampons et NOUS SOMMES EN IRAN. Pas de nouvelle du mec qui remplissait son formulaire c’est parfait.

On sort de la ville, retrouvons nos amis les dos d’ânes iraniens, ou briseurs de suspension, à prendre avec une vitesse la plus faible possible. Nous nous dirigeons vers une cascade à 25kms de la frontière dans les montagnes. La zone est un peu touristique, la cascade n’est atteignable qu’à pied mais les locaux nous proposent plutôt un bain à partir de source chaude. Il fait toujours grand vent, nous optons pour le bain à partir des sources chaudes. On se retrouve dans un bain un peu délabré complètement privatisé qui est en train d’être rempli pour nous, c’est parfait mais l’eau n’est pas très chaude. On en profite pour laver quelques vêtements, une coupure de courant nous arrête après une bonne demi heure de trempette, l’eau n’a plus la même couleur… Nous descendons un peu et trouvons un parking, nous demandons à un local si nous pouvons nous poser ici pour la nuit. Pas de problème, il nous indique même les toilettes et nous donne un bâton pour décrocher les figues de l’arbre. Olivier va faire la vaisselle, Hyppolite descend son vélo du toit et je prépare le bois pour le feu. Au bout d’une demi-heure, nous décidons de partir, il y a trop de vent avec les arbres un peu trop proche du camion on le sent mal. On descend encore un peu de la montagne et trouvons une clairière au bord d’une route secondaire, où nous sommes assez loin des arbres. Je tente de faire du feu mais c’est un échec, le bois est vraiment trop vert. C’est notre dernière soirée avec Hyppolite, demain il nous quitte et reprend le vélo.